Choisir une race de chien : les modes VS les besoins du chien

Par Dorothée Pâris Pasturel • 26 juillet 2021

Depuis ces dernières années, certaines races de chien ont le vent en poupe auprès des adoptants : le berger australien, le border collie, le husky et les croisements de type doodles sont les grands chouchous du public. Mais est-ce vraiment une bonne idée de choisir un doodle lorsqu’on ne connaît pas toutes ses caractéristiques ou bien un berger australien quand on n’est pas une personne très active ? Pour vous, nous détaillons ici le profil de ces races tendances et vous donnons plusieurs conseils sur comment choisir une race qui VOUS correspond.

La vérité sur les doodles

Origine et génétique

Le terme «doodle» vient du terme anglais «poodle» qui signifie caniche.

La première chose à savoir c’est que les chiens de type doodle ne sont pas reconnus comme une race auprès du CCC (Club Canin Canadien) ou d’autres organismes habilités. Ces chiens sont le fruit d’un croisement hybride à partir d’un caniche et d’une autre race. Exemples : golden retriever x caniche (goldendoodle), labrador x caniche (labradoodle), yorkshire x caniche toy (yorkipoo) etc.

Ces croisements ont vu le jour suite à une volonté de créer un chien hypoallergène. C’est Wally Conron le premier, qui, suite à la demande d’une dame aveugle vivant à Hawaï, a créé un chien hybride (le labradoodle). Cette dame souhaitait avoir un chien hypoallergène car son mari était allergique. Le but était de produire un chien idéal combinant le poil laineux du caniche et le caractère du labrador. Cependant, la génétique est beaucoup plus complexe et ne peut se résumer ainsi, ce qui peut amener des surprises au niveau du comportement et même de l’apparence de ces chiens. Rappelons également qu’AUCUN chien n’est à 100% hypoallergénique.

En bref, il est capital de le redescendre de son piedestal : le doodle n’est pas un chien exceptionnel mais bien un individu pouvant avoir des problèmes de santé et des imperfections au niveau comportemental.

Wally Conron considère d’ailleurs son croisement comme « le plus grand regret de sa vie ». Lire l’article ici.

Éleveurs de fond de cour

La deuxième chose à savoir c’est que la grosse majorité des doodles ne proviennent pas d’éleveurs sérieux pour qui le bien-être animal est au centre des décisions. Il n’y a donc aucun standard de reproduction de la race puisque celle-ci n’est même pas encore reconnue comme telle. Ce qui donne des chiens « sacs à surprises » en terme de taille, de type de poils, de tempérament et de santé. Des chiens sans papiers venant rarement avec des tests médicaux.

La mode des doodles contribue ainsi aux usines à chiots et aux éleveurs de fond de garage qui ne pensent qu’à leurs intérêts financiers en vendant leurs chiots une fortune à des clients peu informés.

Soyez prudent : afin d’éviter de vous faire piéger, posez des questions à l’éleveur : qui sont les parents du chiots (demandez à les voir), a-t-il eu des examens de santé (demandez à voir les papiers), où sont-ils élevés et reproduits (demandez à voir les lieux), combien de portées par an a la maman (si c’est plus de 2 ou 3, fuyez). Si l’éleveur ne répond que partiellement à vos questions ou s’il refuse de vous faire visiter les lieux, allez-vous-en!

Le sujet chaud de l’heure : Les chiens de type Doodle

Ces chiens actifs que nous aimons tant

On les appelle « les Ferrari du monde canin ». On se retourne sur eux dans la rue tellement leur beauté nous attire. Et, comme pour tout ce qui est beau, l’humain a tendance à vouloir se l’approprier. Qui saurait résister aux beaux yeux bleus d’un husky ou bien à la fourrure dense et colorée d’un berger australien ? Oui mais voilà, sous la belle carrosserie d’une Ferrari se cache un moteur puissant et exigeant. C’est le revers de la médaille qui vient avec un tel chien : son énergie intarissable.

Origine et éducation

Mettant en avant le fameux principe du « cela dépend de leur éducation » on oublie trop souvent que les caractéristiques fondamentales d’un chien proviennent d’abord de sa génétique.

De ce constat, nous devons rappeler que, par exemple, les chiens de berger (border collie ou berger australien par exemple) ont été reproduits pendant des générations pour leur instinct de rameutage (herding) et de stimulation par le mouvement, et ce, afin de garder les troupeaux de bétail. Ce sont généralement des chiens qui peuvent facilement travailler toute la journée sur une ferme.

Il est donc très peu recommandé d’adopter ce type de chien si notre mode de vie est plutôt sédentaire. Les chiens de type berger DOIVENT faire beaucoup d’activité physique QUOTIDIENNEMENT (2 à 4h par jour). Au lieu de quoi, des problèmes de comportement peuvent se développer (anxiété, destruction du mobilier, tocs, réactivité, agressivité, etc.)

Le husky sibérien, de son côté, est une race de travail faite pour tirer le poids d’un traîneau dans la neige à des températures hivernales pendant de longues heures. En d’autres termes, ce sont des chiens avec une endurance physique exceptionnelle. Ils doivent ABSOLUMENT se dépenser physiquement chaque jour pour se sentir bien (2 à 4h par jour). Et on ne parle pas de simplement lancer la balle dans sa cour, on parle plutôt ici de randonnées, de parcours d’agilité, de canicross, etc.

De plus, les huskies ne sont pas vraiment faits pour l’obéissance. Il faut donc garder en tête que c’est normal de mettre plus d’effort et de créativité pour qu’un husky s’intéresse à nous et qu’il fasse ce qu’on veut qu’il fasse! Le tout bien sûr, en respectant le principe du renforcement positif et de collaboration (oubliez les notions désuètes de chef de meute ou autre ineptie du genre).

Si vous pensiez adopter un husky alors que vous vivez dans un appartement et que vous prévoyez seulement le marcher 20 minutes 2 fois par jour tout en imaginant qu’il va être calme et ne tirera pas en laisse, passez votre chemin! Coco vous rendra fou 😉

L’importance de la stimulation mentale

Bien que l’activité physique soit primordiale, il ne faut surtout pas oublier l’importance de la stimulation mentale chez le chien, en particulier les chiens de type berger. Elle est toute aussi nécessaire à son bien-être que l’activité physique. 10 minutes de stimulation mentale équivalent à 1h d’activité physique, alors il serait dommage de s’en priver! Bien sûr, cela ne remplace pas l’exercice mais constitue une belle complémentarité pour satisfaire les besoins canins. Alors, usez d’imagination pour faire travailler et réfléchir votre chien : bols d’enrichissement, jouets masticatoires, jouets interactifs, apprentissage de tours (assis, couché, roule, tourne autour de la jambe, fais le mort, etc.).

Les activités de détection d’odeurs sont aussi très stimulantes et importantes pour pitou : recherche de friandises cachées dans la maison ou le jardin, recherche de jouet enterré, etc. Et bien sûr : laissez votre chien sentir les odeurs lors de sa promenade. En plus d’être fun pour lui, cela représente beaucoup de stimulation olfactives et mentales.

Au total, un chien de type berger ou husky devrait pouvoir faire 5h d’activités quotidiennes (physiques, mentales, olfactives, masticatoires, etc.).

Quelles sont les questions à se poser avant d’adopter un chien ?

a. Pourquoi est-ce que je veux un chien? Pour quelles activités ?

Je veux un chien pour l’affection et faire plein de câlins : le husky ou les races identifiées comme indépendantes, si belles soient-elles, ne sont pas faites pour vous. Oui un lien fort peut se créer entre vous et votre chien mais celui-ci ne sera pas un fan des grosses attentions ou des soirées collées-serrées sur le divan.
Je veux un chien pour faire des activités sportives très régulièrement, je ne tiens pas en place et j’aimerais avoir un compagnon lors de mes sorties : les bergers, le jack Russel et les huskies sont un très bon choix! Il est fort à parier que vous vous fatiguerez avant eux mais au moins, vous parlerez le même langage : le sport.

b. Pourquoi une race serait meilleure qu’une autre ?

Aucune race ne peut garantir que le chien que vous choisirez sera parfait ou idéal pour vous. Il vous faudra sûrement travailler certaines choses avec lui, car, comme tout être vivant, il aura des défauts.

Il serait plutôt mieux de le voir comme ceci : quelle race correspond à mon style de vie et à mon quotidien ?

J’ai de très jeunes enfants : alors un gros chien excité qui saute partout n’est sûrement pas une bonne idée. Il pourrait les blesser involontairement. Privilégiez plutôt un chien petit ou de taille moyenne qui aura été socialisé dès son plus jeune âge au contact des enfants (avec de bonnes expériences bien sûr!).

Découvrez cet article sur Choisir la race de chien parfaite pour vos enfants.

Je vis en appartement : alors un chien qui a tendance à japper au moindre bruit n’est sûrement pas le meilleur choix.

Découvrez cet article sur Les races qui jappent peu

c. Combien d’heures par jour puis-je consacrer à mon chien ?

Si vous êtes souvent absent de la maison, ne choisissez pas un chien aux nombreux besoins ou qui a tendance à développer de l’anxiété lorsque laissé seul. Par exemple, évitez de façon générale l’adoption d’un chiot si vous travaillez au bureau 7h par jour. Celui-ci aura besoin d’apprendre la propreté et d’avoir des sorties et interactions régulières pour développer sa socialisation.

d. Quels sont les éventuels problèmes de santé d’une race ?

Là encore, si vous choisissez une race en particulier, il faut savoir qu’elle vient souvent avec son lot de surprise en terme médical. Les grands chiens de type Bouvier Bernois sont connus pour avoir des problèmes aux hanches en vieillissant (dysplasie, ortolani, etc.). Les chiens à longues oreilles ont tendance à développer des otites. Les petits chiens quant à eux ont souvent des problèmes orthopédiques et bucco-dentaires.

Chaque race a son lot de petites faiblesses, prenez donc le temps de vous renseigner auprès de votre vétérinaire afin d’être bien préparés pour le futur.

En conclusion, posez-vous les bonnes questions avant d’adopter un chien ou avant de choisir une race. Renseignez-vous sur le comportement du chien et représentez-vous votre vie avec lui. N’ayez pas peur de mettre vos propres limites. C’est bien correct de ne pas être un fou de sport et de préférer regarder Netflix avec du popcorn mais n’imposez pas à votre chien un mode de vie qui n’est pas fait pour lui.

>> Vous hésitez à adopter un chien ou à choisir une race ? Renseignez-vous auprès de professionnels du monde canin. Chez Proanima, nous serons heureux de vous aider. Contactez-nous : 450-655-2525 / info@proanima.com

>> Vous aimeriez connaître les instincts et compétences de chaque race ? Voici plusieurs vidéos qui pourront vous éclairer :

Course de lévrier : https://www.youtube.com/watch?v=PXnK906Jqa0

Plongeon de labrador : https://www.youtube.com/watch?v=U3OONLOKtzE

Parcours d’obéissance : https://www.youtube.com/watch?v=I3EGu5-o9B4

Rameutage de border collie adulte : https://www.youtube.com/watch?v=tDQw21ntR64

Rameutage de border collie chiot : https://www.youtube.com/watch?v=as73mxFj1nc

Un beagle cherche un écureuil : https://www.youtube.com/watch?v=QUtFsZG5-LU

Traction de traîneau par des huskies : https://www.youtube.com/watch?v=9egC065_wzo

Fixe et chasse : https://www.youtube.com/watch?v=HpvdhPij4EI

Des chiots malinois en train de mordre : https://www.youtube.com/watch?v=km7fl6CMAJM